Jean-Baptiste Ouédraogo : « Thomas Sankara avait deux visages »

Dans « Ma part de vérité », l’ex-président burkinabè revient sur son passage au pouvoir et ses relations avec celui qui fut son Premier ministre : Thomas Sankara. Au risque d’écorner le mythe. Et de susciter la polémique.

Jean-Baptiste Ouedraogo chez lui à Ouagadougou avec en main son livre Ma part de vérité paru en 2019. © Sophie Garcia pour JA

Jean-Baptiste Ouedraogo chez lui à Ouagadougou avec en main son livre Ma part de vérité paru en 2019. © Sophie Garcia pour JA

Aïssatou Diallo.

Publié le 27 février 2020 Lecture : 5 minutes.

Près de trente-sept ans après le coup d’État qui l’a renversé, l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo, 77 ans, sort de son silence. Désormais pédiatre (il exerce au sein de la polyclinique Notre-Dame-de-la-Paix, à Ouagadougou, établissement qu’il a fondé en 1992), en retrait de la vie politique, il livre dans Ma part de vérité un témoignage sur l’une des pages les plus instables de l’histoire de ce qui était encore la Haute-Volta.

Évoquant les coulisses de son arrivée au pouvoir, en 1982, aussi bien que ses relations avec Thomas Sankara, qu’il ne craint pas d’égratigner, il a accepté de répondre aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Vous avez dirigé le pays de novembre 1982 à août 1983. Comment êtes-vous parvenu au sommet de l’État ?

Jean-Baptiste Ouédraogo : Personne ne m’attendait à ce poste, pas même moi. Ce sont les circonstances qui me l’ont imposé. À l’époque, nous étions plus d’une centaine à préparer le renversement du Comité militaire de redressement pour le progrès national [CMRPN, dirigé par Saye Zerbo]. Nous étions d’accord sur le fait que le capitaine Thomas Sankara assumerait le pouvoir. Il était politiquement outillé pour cela, car il avait été secrétaire d’État à l’Information dans le gouvernement de Saye Zerbo, avant de démissionner.

Mais le jour où nous avons pris le pouvoir, il a annoncé ne pas être en mesure de prendre cette responsabilité. Afin de maintenir la cohésion entre les militaires, il a proposé de choisir le colonel Yorian Gabriel Somé, mais le chef d’état-major général des armées ne faisait pas l’unanimité. Thomas Sankara a alors proposé de nommer comme président provisoire le plus ancien des plus haut gradés de notre groupe, c’est-à-dire moi. C’est ainsi que j’ai été désigné chef de l’État.

Thomas Sankara a, lui, rejoint votre gouvernement au poste de Premier ministre. Quelles relations entreteniez-vous avec lui et pourquoi l’avez-vous finalement écarté en mai 1983 ?

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