En Libye, les migrants pris au piège de Tripoli

Le siège de la capitale a fragilisé encore un peu plus la situation des centaines de milliers de migrants vivant sur place, qui doivent à la fois fuir les combats, la xénophobie, le racket, la misère et la peur.

à la périphérie de la ville, des Nigérians attendent, à la recherche d’un emploi. © Felipe Dana/AP/SIPA

à la périphérie de la ville, des Nigérians attendent, à la recherche d’un emploi. © Felipe Dana/AP/SIPA

MATHIEU-GALTIER_2024

Publié le 8 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

Avec la fougue de ses 16 ans, Mohamed Adam Ahmed vient de lui-même à la rencontre du journaliste : « Je suis originaire du Darfour, mon numéro d’enregistrement du HCR est le 50719600276. Je veux partir d’ici, aller en Europe. Aidez-moi ! »

La scène se déroule sur le parvis de l’église Saint-François, dans le centre-ville de Tripoli, après la messe, quand de nombreux migrants, catholiques ou non, se pressent dans le petit bureau de Caritas. Depuis l’offensive des hommes de Khalifa Haftar, le 4 avril 2019, sur la capitale libyenne, la responsable de l’association catholique, la Burundaise Liliane Nindaba, est débordée : « Nous offrons des vêtements, des kits hygiéniques pour les femmes, des couches et des aliments pour les bébés. Nous avons même un médecin. Beaucoup d’étrangers, qui vivaient dans le sud de la ville, où se déroulent les combats, ont perdu leur maison. »

C’est le cas de Mariama, qui fouille dans la pile de linge pour refaire sa garde-robe. Avec son fiancé, ils logeaient à Al-Serraj, le quartier chic du sud-ouest de Tripoli, quand ils ont dû fuir les combats. Ils ont pu retrouver un logement, mais pas de travail. « J’étais femme de ménage dans une villa, et puis tous les Libyens du quartier sont partis, raconte la Nigérienne. Il n’y a quasiment plus de travail. Un jour par semaine parfois, c’est tout. »

Les migrants sont assis sur des matelas posés sur le sol dans un centre de détention, situé à la périphérie de Tripoli, en Libye. © UNICEF/Alessio Romenzi

Les migrants sont assis sur des matelas posés sur le sol dans un centre de détention, situé à la périphérie de Tripoli, en Libye. © UNICEF/Alessio Romenzi

J’ai vu les cadavres et le sang partout

Mohamed Adam Ahmed, lui, craint pour sa vie. Il était dans le centre de détention pour migrants de Tajoura, à l’est de Tripoli, quand, le 2 juillet, un bombardement aérien – imputé à l’autoproclamée Armée nationale libyenne (LNA), de Haftar, ou à un pays étranger allié – a détruit l’un des hangars qui abritaient les migrants.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité