Orange veut s’imposer au Maroc avec le « mobile money »

Bien implanté au sud du Sahara, l’opérateur de télécoms veut séduire les usagers du royaume avec le portefeuille virtuel fonctionnant en interopérabilité qu’il vient de lancer.

Nawal Gharmili Sefrioui et Yves Gauthier, lors du lancement d’Orange Money, le 10 mars 2020, à Casablanca. © ORANGE MAROC

Nawal Gharmili Sefrioui et Yves Gauthier, lors du lancement d’Orange Money, le 10 mars 2020, à Casablanca. © ORANGE MAROC

QUENTIN-VELLUET_2024

Publié le 15 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

L’équipe de 17 personnes travaille sur le projet annoncé depuis juin 2019, date de la création de la société Orange Money Maroc. Mais c’est le 10 mars que le service a officiellement été lancé, faisant du royaume le 18e pays de l’opérateur français en Afrique et au Moyen-Orient à proposer le mobile money.

Tout Marocain disposant d’un téléphone peut désormais créer un portefeuille virtuel Orange Money qui lui permet de transférer de l’argent, de recharger du crédit téléphonique, de retirer du liquide dans un point de vente Orange ou de payer des factures. Et cela, quel que soit son opérateur.

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« C’est la première fois qu’Orange Money fonctionne en interopérabilité, se réjouit Yves Gauthier, directeur général d’Orange au Maroc. Cela a nécessité des développements et des tests supplémentaires sur une plateforme qui est commune à tous les services Orange Money du continent, ce qui a retardé notre lancement », précise-t-il.

Cible les populations non bancarisées

Le service, dirigé par l’ingénieure Nawal Gharmili Sefrioui, à la pointe du développement de cette offre durant plusieurs années, espère convertir la moitié de ses 13 millions de clients d’ici à trois ans. Parmi les cibles prioritaires : les populations non bancarisées ou sans carte bancaire.

Les transactions marchandes viendront après. Il faut y aller étape par étape

Les commissions fonctionnent par palier : de 3 dirhams (0,27 euro) pour une transaction de moins de 100 dirhams à 35 dirhams pour des échanges de 10 001 à 20 000 dirhams. Yves Gauthier, qui connaît bien l’Afrique du Nord pour avoir dirigé Orange en Égypte et Ooredoo en Tunisie, a toujours été prudent quant à la conversion rapide des Marocains – chez qui le taux de bancarisation est de 78 % – au mobile money.

Pour lui, ce type de paiement doit d’abord générer des dépôts sur les portefeuilles virtuels pour ensuite être utilisé. « Les transactions marchandes viendront après. Il faut y aller étape par étape », confie cet ingénieur en télécoms de formation.

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Un paradigme que ne partage pas Bank Al-Maghrib, pour qui le développement de l’achat auprès des commerces dynamisera l’usage du mobile money. Dans son rapport de 2018, elle en fait sa ­deuxième priorité devant le paiement des factures, la recharge téléphonique, la réception de prestations sociales et le paiement auprès des fournisseurs pour les entreprises.

Le nerf de la guerre : le réseau de distribution

Autre motif de prudence, Orange Money est loin d’être le seul protagoniste. L’opérateur de télécoms Inwi l’a devancé dès septembre 2019 avec Inwi Money, et Maroc Telecom est installé sur le créneau depuis 2010 avec MobiCash.

Nous avons des discussions, mais aucun partenariat à ce jour

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Du côté des banques, les offres se multiplient : BCP a lancé BPay, CIH a WePay, BMCE propose DabaPay en plus de Wafacash (Attijariwafa Bank), Fast Payment, Barid Cash, Cash Plus, M2T, Naps (M2M) ou encore Maymouna services financiers (Saraya).

Ce qui ne les incite pas à s’allier avec Orange pour que ce dernier soit disponible sur leurs distributeurs automatiques. « Nous avons des discussions, mais aucun partenariat à ce jour », regrette le directeur d’Orange Maroc. De fait, dans le paiement mobile, le nerf de la guerre reste le réseau de distribution.

« Pour réussir il faut une marque qui inspire confiance, une interface simple, de l’interopérabilité, proposer plusieurs services et, surtout, disposer d’un solide réseau de distribution », confirme un ex-dirigeant des télécoms. S’il ne dévoile pas le nombre de points de dépôt et de retrait dont il dispose, Yves Gauthier confie vouloir atteindre 4 000 à 5 000 implantations dans le pays.

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