En un message sur les réseaux sociaux, la fille du président camerounais Paul Biya a relancé le débat sur la dépénalisation de l’homosexualité, dans un pays où elle est criminalisée. Tour d’horizon du continent, pays par pays, de l’état des législations.
Le 26 juin, la manifestation organisée à Tunis pour réclamer la dépénalisation de l’homosexualité n’a rassemblé que quelques dizaines de personnes. Dans un contexte politique difficile, la question des droits des LGBT et la lutte contre les violences qui leur sont infligées peinent à mobiliser.
Les films « Take my breath », de la réalisatrice Nada Mezni Hafaiedh, et « The Needle », d’Abdelhamid Bouchnak, explorent la question de l’intersexualité, un sujet encore méconnu. Et tabou.
Tout en défendant le principe des bénédictions de couples de même sexe, le souverain pontife reconnaît que les Africains constituent, dans ce dossier, un « cas particulier ».
La note du pape François vient s’ajouter à une longue liste d’actions bienveillantes renforçant malgré elles des campagnes luttant contre les droits des personnes LGBTQI+.
La dernière Assemblée plénière des évêques d’Afrique du Nord se désolidarise de la fronde subsaharienne contre la déclaration vaticane qui suggère de bénir les couples en situation irrégulière.
La décision du Vatican d’autoriser la bénédiction des couples de même sexe a provoqué une levée de bouclier sur le continent. Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a pris la tête de la fronde. L’analyse de François Soudan.
Depuis le 18 décembre, l’Église catholique permet aux prêtres de bénir les couples de même sexe, à condition que ce soit en dehors des rituels liturgiques.
Préoccupation du régime déchu d’Ali Bongo Ondimba, les droits des minorités sexuelles et de genre sont remis en question par la Charte de la transition.
Dans les textes et dans la vie publique, les lignes bougent en faveur des droits des femmes. Mais, au quotidien, au travail comme en famille, nombre de Gabonaises continuent de subir des discriminations de genre, les diktats du patriarcat, voire la mysoginie.
Jean-Marc Berthon, ambassadeur français pour les droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, devait se rendre à Yaoundé à la fin de juin. Mais le gouvernement camerounais a marqué son opposition à tout débat portant sur la question LGBT+.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement de Paul Biya a déclaré la guerre aux discours dits de haine dans les médias. Mais il vient aussi de rappeler à l’ordre ceux qui feraient selon lui la promotion de l’homosexualité.
Promulgué par le président Yoweri Museveni, le texte avait déjà suscité l’inquiétude des ONG et de la communauté internationale en mars, lors de son examen.
Églises, hauts conseils islamiques, pouvoirs en quête de légitimité, nostalgiques de l’ordre moral colonial, « nouveaux panafricains »… Tel est, sur le continent, l’attelage hétéroclite uni par un même rejet de l’homosexualité.
Dans son deuxième long-métrage, la réalisatrice marocaine Maryam Touzani dépeint avec tendresse et humanité un triangle amoureux sur fond d’homosexualité.
L’Algérie lance une campagne contre la vente d’articles « aux couleurs LGBT ». Une initiative qui choque et étonne : le pays n’a-t-il pas d’autres priorités ?
Les autorités algériennes ont encore réaffirmé leur refus de dépénaliser l’homosexualité. La communauté LGBT déplore l’hypocrisie qui continue à régner.
En Tunisie, un rassemblement contre la criminalisation de l’homosexualité démontre que la parole se libère, malgré une législation toujours très répressive. Comme dans d’autres pays africains…
Jusqu’au 19 février, l’Institut du monde arabe accueille l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour ». Vingt-trois artistes y parlent de corps, de sexualité et d’identité multiples.
En admettant que l’absence remarquée d’Idrissa Gana Gueye soit due aux couleurs arc-en-ciel, d’autres joueurs avant lui avaient refusé de les arborer, sans pour autant susciter de réactions véhémentes…
Le collectif sénégalais « And samm jikko yi » égratigne le président Macky Sall sur la pénalisation des relations homosexuelles. Tous deux défendent pourtant peu ou prou la même ligne.
Une proposition de loi criminalisant les actes jugés « contre-nature » a été déposée par des députés de l’opposition. Dans un pays où les relations entre personnes de même sexe constituent déjà un délit, le camp présidentiel évoque un « faux débat » à visées électoralistes.
Deux célèbres personnes transgenres camerounaises ont été condamnées à cinq ans de prison ferme pour « tentative d’homosexualité ». Le verdict divise les organisations de défense des droits de l’homme et les milieux conservateurs.
Si la dépénalisation de l’homosexualité, adoptée par le Parlement gabonais, est une excellente nouvelle pour les libertés, elle suscite l’indignation d’une partie de la population. Un débat aurait pourtant permis de désamorcer les critiques.
Le vote par l’Assemblée gabonaise d’une loi dépénalisant l’homosexualité, si elle est une victoire pour les initiateurs du texte, n’est encore qu’une étape. Le texte devra en effet être adopté au Sénat, et les débats s’annoncent âpres.